L’objectif qui sous-tend notre nouveau projet est assez simple : remettre les citoyens aux commandes ! La manière d’y parvenir l’est également. Grâce à une mobilisation large des parties prenantes, nous souhaitons :
- Définir les attentes de la société envers le système financier (vision)
- Mesurer en quoi le système financier rencontre ces attentes (indicateurs)
- Modifier le système financier pour le mettre au service de la société (solutions)
Dans ce blog nous décrivons la mise en route du projet pilote du Dashboard, ou comment nous appliquons sa méthodologie en trois étapes au dossier du financement des objectifs climatiques.
Au cœur du projet se trouve la légitimité démocratique : lors d’une conférenceorganisée en amont de la COP21 à Paris, nous avons donc rassemblé environ 25 organisations de la société civile, dont les grands noms du dossier climatique (Greenpeace, WWF, 350.org, CAN, Les Amis de la Terre, etc.) pour un atelier de lancement.
A travers des petits groupes de discussion, nous avons abordé trois questions :
- Comment interagissent système financier et objectifs climatiques ? (cadre – contexte)
- Peut-on mesurer ces interactions ? En particulier les flux financiers? (données – indicateurs)
- Comment passer du modèle actuel à un modèle qui soutienne un développement économique durable ? (actions – solutions)
Nous nous sommes attachés à illustrer l’ensemble de nos discussions sur des tableaux blancs, puis à rendre le résultat le plus visuel et pédagogique qui soit en les cartographiant (via l’outil Prezi) : Comment le système financier soutient une économie à forte émission de carbone et ce que la société civile peut y faire et Comment un système financier réformé peut soutenir une économie à faible consommation de carbone.
La conclusion générale de cette réunion est que si nous voulons atteindre les objectifs climatiques, l’enjeu est de transformer la finance, pas juste de déplacer des milliards. C’est en ce sens que 17 organisations de la société civile présentes lors de l’atelier ont signé une déclaration commune destinée aux représentants de la COP21.
La transition dont nous avons besoin requiert bien plus que la promotion d’investissements dans des niches vertes, puisqu’il s’agit ici de repenser en profondeur l’activité économique, les modèles d’agriculture, de mobilité, nos villes, modes de vie, et ainsi de suite. Ainsi, les participants de l’atelier s’accordent pour dire que la « finance climatique » doit être comprise dans le calendrier plus large d’une « finance durable ».
Repenser un système financier soutenant un développement économique durable commence par une approche intégrée des nombreux éléments impliqués dans la création et l’allocation du capital, dont les banques centrales, budgets gouvernementaux, banques publiques, banques de développement, investisseurs institutionnels, banques d’investissements et commerciales, marchés d’actions, d’obligations et de produits dérivés, capital-risque, etc. Du côté de la demande, se développent en marge d’une économie classique largement dépendante des énergies fossiles, des alternatives basées sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Ces alternatives se démarquent en général de par leur échelle plus réduite, un fonctionnement plus décentralisé, plus local et reposant sur une forte implication de ses acteurs.
Cette analyse indique un besoin de changement plus systémique, qui aille au-delà du nécessaire mouvement de désinvestissement : rediriger des flux pour soutenir une transition remettra en cause la structure même des canaux de financement. Du côté de l’offre, les problèmes rencontrés comprennent l’énorme quantité de capitaux et liquidités disponibles, à qui ils appartiennent (qui en profite) et le risque de surabondance qui peut déstabiliser le système dans son ensemble. La légitimité et la transparence des institutions citées plus haut seront des sujets de préoccupations importants, du moins si nous voulons suivre et contrôler leur contribution aux objectifs climatiques.
Les participants pointent également comme une partie du problème les incitants (critères d’évaluation, rémunérations, etc.), qui dictent les choix des acteurs dominants ainsi que leur pouvoir d’influence sur le système et sa réglementation (puissance du lobby).
L’ensemble des acteurs présents se sont montrés enthousiastes à l’idée de poursuivre sur leur lancée. Un désir concrétisé par la création d’un groupe de travail « Durabilité & Finance », facilité par Finance Watch et poursuivant deux objectifs : continuer à développer la méthodologie Tableau de Bord sur base des conclusions de l’atelier et suivre de manière critique le calendrier du G20 lié à la finance verte, les deux objectifs devant se nourrir l’un l’autre.
Le momentum est du côté de ceux qui prétendent que le verdissement de certaines niches au sein du système financier est la meilleure manière d’avancer, laissant sa structure intacte. Et ce dans un contexte post-COP21 où les représentants politiques cherchent à engranger des victoires faciles et rapides, et où les acteurs de la finance réalisent les nombreuses opportunités de profit qu’offrent la « finance climatique ». Afin de défendre l’intérêt public, il est devenu crucial de développer une perspective holistique, globale, qui puisse contrer les positions traditionnelles, dès lors que les experts en climat et en finance de nombreuses organisations de la société civile se sont jusqu’à présent concentrés sur des dossiers spécifiques, comme le désinvestissement, les obligations vertes, les critères sociaux-environnementaux, etc. Peu d’analyses ont été réalisées sur le système financier dans son ensemble et sur l’impact de sa structure de fonctionnement sur le climat. Notre objectif au sein du groupe de travail « Durabilité & Finance » sera dès lors de démonter les arguments fallacieux et autre fausses bonnes solutions, dans le cadre de l’exercice plus large et systématique de développement d’un Tableau de Bord Citoyen de la Finance.
Nous espérons que vous serez nombreux à nous rejoindre et à soutenir nos efforts !
Activités les plus récentes :
Avec certains membres du groupe de travail et d’autres, nous avons co-organisé un évènement le 15 juin dernier au Parlement européen sur l’intégration d’objectifs durables dans la règlementation financière. L’UE est en retard sur le sujet et les participants, dont des Eurodéputés issus de quatre grands groupes politiques, ont exprimé leur désir d’organiser une réunion de suivi afin d’élaborer une stratégie et un plan d’action concret. Dernier point mais non des moindres : Finance Watch vient de rejoindre la Green Economy Coalition (GEC), dans le cadre de son engagement à faire de la finance un outil au service d’un développement économique durable. Nous sommes impatients de travailler avec les membres du GEC et d’atteindre nos objectifs communs !
Ceci n’est qu’un début ! Nous vous tiendrons informés des progrès réalisés et des différentes manières de vous impliquer dans les prochains mois.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter Giulia Porino, Chargée de la coordination et du développement du réseau