Neuf réformes de la finance à l’usage des grévistes du climat | Finance Watch

Neuf réformes de la finance à l’usage des grévistes du climat

Si nous ne le changeons pas, notre système financier continuera à financer une économie basée sur l’énergie fossile. Finance Watch présente neuf mesures qui feraient la différence.

Notre génération fait face à l’urgence climatique et au risque d’un effondrement environnemental général. Le système financier mondial tel qu’il fonctionne actuellement ne fait qu’exacerber ces crises, notamment du fait de la domination de méga-institutions court-termistes et de la faiblesse de la réglementation financière. Changeons la finance, pas le climat !

Voici un guide en neuf étapes élaboré par Finance Watch pour réformer la finance afin de combattre le changement climatique :

 

À ce jour sur les marchés financiers, il n’existe pas de manière simple de distinguer entre actifs ‘propres’ et ‘sales’. Il nous faut un système de classification unique et contraignant qui  détermine l’impact de chaque activité économique sur l’environnement.

 

Il faut que l’UE dispose d’une taxonomie qui permette de distinguer les activités économiques non soutenables (brunes) de celles qui le sont (vertes). C’est là un prérequis pour empêcher le financement d’activités nuisibles. Identifier les activités non soutenables permettrait aussi aux superviseurs financiers d’identifier les risques climatiques.

Nous ne pouvons régler un problème que nous ne voyons pas. Les entreprises (privées et publiques) doivent évaluer et rendre public l’impact de leurs activités de façon harmonisée et comparable.

Obliger les grandes entreprises à fournir un rapport complet sur les risques et les conséquences de leurs activités pour la société et l’environnement est un premier pas essentiel. Il permet aux entreprises, aux décideurs politiques, aux consommateurs, aux institutions financières, aux autorités de contrôle et aux banques centrales d’intégrer la problématique de la soutenabilité dans leur processus de décision. Addendum image : reporting.

En tant que clients, les citoyens ont le droit de savoir si leurs investissements contribuent à des activités nuisibles. Ils devraient être en mesure d’exiger de leurs banques, assurances, fonds de pension que ces derniers retirent leur épargne de ces secteurs d’activité.

Il faut cesser de croire que “servir les intérêts des investisseurs” se limite toujours à maximiser les bénéfices;  il peut aussi s’agir d’avoir des effets positifs sur les plans  environnementaux sociaux et de gouvernance (ESG).

Les acteurs financiers (gestionnaires ou propriétaires d’actifs, banques, etc.) doivent être légalement obligés d’informer leurs clients des risques et avantages ESG que présentent leurs investissements, et ils doivent se plier aux souhaits de leurs clients en matière d’investissement.

Tant que les activités polluantes généreront des bénéfices, il y aura des investisseurs prêts à les financer. Il est nécessaire d’imposer des normes, des quotas et des taxes (autrement dit des régulations économiques) pour les rendre plus coûteuses que les activités soutenables.

 

Il faut modifier les politiques économiques et environnementales pour inverser la rentabilité des modèles d’affaires de façon à ce que toutes les institutions financières, pas seulement les plus éthiques, mettent un terme aux financements non-soutenables.

Il est ironique de constater que l’argent du contribuable est toujours massivement investi dans des activités fossiles. Alors que les citoyens réclament une économie libérée du carbone, les élus devraient arrêter de subventionner les activités carbonées et rediriger l’argent public vers l’action climatique.

 

En tant qu’entités publiques, les banques publiques (par exemple la Banque Européenne d’Investissement, la Caisse des Dépôts et Consignations en France, le Kreditanstalt für Wiederaufbau en Allemagne) doivent donner l’exemple en se désinvestissant complètement des carburants fossiles et autres secteurs nuisibles pour l’environnement et en redéployant leurs ressources dans des projets de transition écologique.

La transition vers une économie décarbonée est inéluctable. De ce fait, la valeur des actifs fossiles va massivement baisser, déclenchant peut-être la prochaine grande crise financière. Se préparer à un futur décarboné implique donc aussi de réduire l’exposition du système financier aux “actifs échoués

Les superviseurs et les banques centrales doivent établir le calendrier et les modalités de politiques ambitieuses pour s’assurer que les institutions financières soient prêtes à affronter les risques physiques et les risques de transition. Cela forcera les acteurs financiers à reconnaître le risque que représentent les actifs échoués et à rediriger leurs capitaux vers une économie décarbonée donc moins risquée.

Certaines des actions climatiques les plus urgentes ne sont pas rentables, et par conséquent, n’attireront jamais aucun investissement privé. Nos gouvernements doivent s’organiser pour permettre le recours à des financements publics pour répondre à ces besoins.

 

De nombreux projets de transition écologique, en particulier des biens publics tels que les infrastructures et les transports nécessitent des investissements planifiés et coordonnés longtemps à l’avance. De plus, ils n’offrent souvent que peu de rentabilité financière, malgré leurs apports environnementaux et sociaux. C’est pourquoi des mesures cohérentes de financement pour le climat devraient aussi inclure le déblocage de fonds publics dans le cadre de ces projets-là.

L’accroissement de l’urgence climatique s’explique en grande partie par la prédominance d’une vision court-termiste dans le système financier actuel. Les règles doivent changer pour amener l’ensemble du système financier à regarder au delà des calculs coûts-bénéfices à horizon de quelques mois et considérer les objectifs à long terme de la société.

 

Sur les marchés financier, les biais de certaines pratiques généralisées (telles que la gestion passive ou l’usage répandu de la tracking error – ou erreur de réplication) font que les énergies fossiles sont surreprésentées dans les portefeuilles, à grande échelle. Il faut mieux réguler les pratiques spéculatives et les comportements grégaires.

En plus de constamment menacer notre société de graves risques systémiques, les géants de la finance refusent trop souvent de faire converger leurs intérêts économiques avec les intérêts de la société dans son ensemble, y compris dans le domaine de la lutte contre le dérèglement climatique.

 

Alors que les ‘géants de la finance’ ne financent pas les petits projets de transition qui sont pourtant essentiels, de nombreux projets de ce type ont déjà été financés par des banques ou investisseurs plus petits, locaux ou régionaux, dont la mission ou les critères de prêts s’alignent aisément avec des projets verts et de plus long terme. Nos décideurs doivent mettre en place un environnement législatif qui favorise la diversité du système financier de manière à maximiser l’accès aux ressources financières de ces petits projets.

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